Le 29 mars, Sophie Nouaille recevait à l’antenne de Radio Notre-Dame le docteur Philippe Rodet pour animer l’émission « En quête de sens », pour parler de bienveillance au travail aux côtés de Laurent Barthelemy, coach et conférencier. L’émission était diffusée en direct et est disponible en écoute ici.

La bienveillance ne date pas d’aujourd’hui

Le docteur Philippe Rodet est revenu en début d’émission sur les propos d’Aristote et de Saint-Thomas d’Aquin pour montrer que la bienveillance est un thème abordé depuis des siècles. En effet, Aristote disait que la bienveillance, c’est « souhaiter le bien de l’autre », tandis que Saint-Thomas d’Aquin disait que la bienveillance, c’est vouloir le bien de l’autre. Plus récemment, Emmanuel Kant disait que c’est un devoir d’humanité que d’être bienveillant. Nous sommes donc passés du souhait à la volonté puis au devoir. En effet, vu le contexte actuel, il est vraiment nécessaire de cultiver la bienveillance, tant au travail que dans notre vie personnelle. La bienveillance n’est pas du laxisme, c’est permettre à l’être humain de se réaliser et d’être en bonne santé. Le travail est un lieu où chacun peut s’épanouir, cependant, il ne doit pas être un lieu de souffrance car sinon nous empêcherons les collaborateurs d’exprimer le meilleur d’eux-mêmes.

Sommes-nous tous bienveillants ?

Le docteur Philippe Rodet s’est exprimé clairement sur le sujet : « On a tous une fibre bienveillante en nous, soit on lui permet de s’exprimer, soit on la laisse s’atrophier. Mais je crois qu’en tout être humain il y a une propension à faire le bien, et je crois beaucoup à une contagion du bien ». Il rajoute ensuite : « On vit une époque merveilleuse car pleine de changements, et on peut en faire jaillir quelque chose de profondément humain ». Son optimisme le pousse à agir dans ce sens. Avec ses collaborateurs, il donne aujourd’hui de nombreuses conférences en entreprise avec justement pour mission la contagion de la bienveillance dans notre société.

Le rôle clé des émotions

Pour expliquer comment la bienveillance est vectrice de santé et de succès, l’auteur de La bienveillance au travail est revenu sur la contagion des émotions, et le rôle des managers à ce sujet. Agir sur les émotions pour cultiver le bien-être est essentiel. Elles se transmettent d’une personne à l’autre extrêmement rapidement puisqu’il ne faut que 30 millisecondes pour les transmettre. Pourquoi agir à la fois sur les émotions positives, et sur les émotions négatives ? Car on considère que selon les personnes, pour qu’un être humain s’épanouisse, il faut entre 2,9 et 13,2 émotions positives pour une émotion négative. Ce différentiel est donc très important. Ainsi, pour agir efficacement on va donc tenter à la fois de multiplier les émotions positives, mais aussi de réduire les émotions négatives.

Comment jouer sur ces émotions ?

Pour réduire les émotions négatives, on va éviter le mépris, traduire de la considération, reconnaître ses maladresses, etc. Il peut nous arriver d’être de mauvaise humeur et d’être trop agressif vis-à-vis d’un collaborateur qui n’est pas en très grande forme. Prendre le temps d’aller lui en parler le lendemain et s’excuser est un bon moyen de réduire ses émotions négatives.

À l’inverse, pour faire émerger des émotions positives, on va tenter de transformer le pessimisme en optimisme, de donner du sens aux missions de nos collaborateurs, de fixer des objectifs ambitieux et réalistes, de donner une juste liberté d’action ou tout simplement de les encourager et de leur exprimer de la gratitude.

Grâce à ces comportements, on va favoriser la sécrétion de deux hormones, l’ocytocine et les endorphines qui, elles, vont favoriser la sécrétion de dopamine qui est l’hormone de la motivation. Nos comportements bienveillants vont donc jouer un rôle crucial sur les deux maux de notre société : réduire le stress et augmenter la motivation.

Comment mettre en oeuvre la bienveillance dans son entreprise ?

Le docteur Philippe Rodet considère qu’il faut trois temps afin de mettre en place le management bienveillant dans son entreprise. Commencer par une sensibilisation pour que chaque collaborateur comprenne l’intérêt de faire évoluer sa pratique. Une phase d’incitation ensuite pour encourager à les mettre en application, puis, enfin, en effectuant des rappels. 

Y a-t-il des chiffres pour attester de l’efficacité de la bienveillance en entreprise ?

Les entreprises qui appliquent avec conviction ces principes obtiennent des résultats très prometteurs. Le fondateur du Cabinet Bien-Être et Entreprise cite notamment une étude BVA qui montre qu’un Groupe de la grande distribution qui a formé plus de 5 000 managers au management bienveillant a constaté qu’après 4 années à cultiver ces pratiques managériales, ils ont observé que 51 % de leurs collaborateurs étaient très motivés  alors que ce niveau de motivation forte n’était que de 28% à l’échelle du pays, tous secteurs confondus. La bienveillance en entreprise offre donc des perspectives très prometteuses !

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