À l’occasion de la remise du rapport Santé au travail : vers un système simplifié pour une prévention renforcée, rédigé par Charlotte Lecocq, Bruno Dupuis et Henri Forest, le Docteur Philippe Rodet a été interviewé par News Tank RH pour commenter ce document. 

Prévenir plutôt que guérir

Les auteurs de ce rapport insistent sur ce point : il est plus rentable d’investir dans la prévention que dans la guérison. Le Docteur Philippe Rodet le confirme dans cette interview, et pour lui cela est juste dans tous les domaines de la santé. Il déclare : « Souvent les CPAM préfèrent réparer plutôt que prévenir. Mais des expérimentations sur les thèmes de l’alimentation et de l’activité physique dans les CPAM de la Sarthe et de Versailles ont montré que la prévention engendre des coûts inférieurs aux soins ». Il précise ensuite : « Dans le domaine de la santé au travail, je suis également convaincu qu’il existe des pistes d’améliorations significatives en matière de prévention« .

Traiter la cause

Il met l’accent sur un aspect : ne pas traiter les symptômes mais bien l’origine du problème. Il dit notamment : «Il faut traiter la cause. Cet aspect était d’ailleurs parfaitement mis en évidence dans le rapport réalisé par Christian Larose (CGT, président de la section du Travail du CESE), Henri Lachmann, (Président du conseil de surveillance de  Schneider Electric), et Muriel Pénicaud, (directrice générale des ressources humaines de Danone), en 2010, à la demande du Premier ministre de l’époque. Pour moi, l’essentiel est… dans la vision !».

Une approche valorisante de la prévention

Le journaliste de News Tank RH questionne le Docteur Philippe Rodet sur les points essentiels de ce rapport. « L’une des recommandations prévoit d’inciter les entreprises à s’engager davantage dans la prévention par une approche valorisante et pas seulement par la sanction. Il faut arriver à convaincre les entreprises que la prévention est rentable. Si l’entreprise est convaincue que c’est un enjeu gagnant-gagnant, elle pourra davantage s’investir dans une politique de prévention. J’apprécie aussi les aides incitatives dédiées à la prévention envers les entreprises notamment les TPE/PME tout comme le fait de mener des actions de sensibilisation des dirigeants. Je suis aussi touché, et cela va dans le même sens, par le lien évoqué entre la santé au travail et la « performance globale », un sujet cher au CJD depuis de nombreuses années. »

La création d’un guichet unique

Au sujet de la création d’un guichet unique, il se montre prudent notamment pour des raisons de coût. Il spécifie : « Pourquoi pas, mais à condition que le coût de ces nouvelles structures ne soit pas supérieur au coût de fonctionnement des organismes existants ».

Soucieux des questions de financement, il précise : « qui va financer la mise en œuvre des 16 recommandations du rapport ? »

Une différence entre le public et le privé dans ce rapport santé au travail

Enfin, il évoque une surprenante différenciation entre le public et le privé, qui le fait réagir : « La recommandation n° 16 préconise de conduire une réflexion sur l’amélioration de la santé et la QVT de la fonction publique. Mais il est précisé aussitôt que « le champ de la mission ne couvre pas celui de la fonction publique », alors qu’elle est très concernée. Il est ensuite précisé que « les nombreux témoignages provenant des fonctions publiques incitent la mission à proposer que les recommandations qui peuvent être transposées prennent part dans la réflexion conduite sur la réforme de la fonction publique nationale, territoriale et hospitalière. » Faut-il en conclure que les règles en matière de santé au travail dans les entreprises privées ne sont pas les mêmes que dans les entreprises publiques ? L’enjeu est-il différent dans la fonction publique que dans le secteur privé ? »

Retrouvez cette interview sur le site de News Tank RH (accès payant).