Des chercheurs de l’INRS (Institut National de la Recherche Scientifique) et de l’Université de Montréal ont pour la première fois mis en évidence un lien entre stress perçu au travail, et probabilité de certains cancers chez l’homme.

Probabilité de cancers et stress perçu au travail

Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Preventive Medecine, révèlent que le risque de cancer du poumon, du côlon, du rectum, de l’estomac et du lymphome non hodgkinien, chez l’homme, serait amplifié par une exposition prolongée au stress ressenti au travail.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont demandé à 3.103 hommes à antécédents de cancers, et à 512 individus témoins en bonne santé, de leur décrire en détail leur parcours professionnel, les périodes de leur carrière durant lesquelles ils ont ressenti du stress au travail, ainsi que les raisons invoquées. Ils ont ensuite déterminé l’association entre stress perçu au travail, durée, et incidence des différents cancers. Selon leurs résultats, des associations significatives, pour cinq des onze cancers étudiés, ont été observées chez les hommes qui avaient cumulé de 15 à 30 ans ou plus de stress au travail. En revanche, ces résultats n’ont pas été constatés chez les individus ayant ressenti du stress professionnel pendant moins de 15 ans.

Professions à risque

Les résultats de l’étude ont également mis en lumière les emplois les plus stressants. Les métiers de pompiers, d’ingénieurs industriels et en aérospatiale, de contremaîtres de mécaniciens, et de réparateurs de véhicules automobiles et de matériel ferroviaire, seraient ainsi les plus exposés au risque de cancer lié au stress professionnel.

Multiples facteurs de stress

Les conclusions montrent également que le stress perçu ne se limite pas à la charge de travail et aux contraintes de temps. Dans son communiqué de presse, l’Université du Québec précise que « le service au client, les commissions de ventes, les responsabilités, le tempérament anxieux du sujet, l’insécurité d’emploi, les problèmes financiers, les conditions de travail difficiles voire dangereuses, la supervision des employés, les conflits interpersonnels et les problèmes de trafic sont autant de sources de stress évoquées par les répondants ».

Limites de l’étude

Étant basés sur une évaluation du stress au travail qui reste sommaire, ces résultats devront toutefois être confirmés dans le futur, notamment chez la femme. D’autres études seront donc nécessaires dans le temps, s’appuyant sur des mesures fiables et répétées du stress.

Les auteurs ajoutent « qu’une des réserves majeures des études antérieures sur le cancer est qu’aucune n’a évalué le stress lié au travail pendant toute l’histoire professionnelle, empêchant d’estimer le rôle de la durée de l’exposition au stress au travail sur le développement du cancer. Notre étude montre l’importance de mesurer le stress à différents moments de la carrière ». Ils concluent que « si l’on ne peut exclure les biais liés à l’auto-déclaration, ces associations, probablement justifiées dans une majorité de cas, suggèrent l’importance de mieux prendre en compte le stress au travail, dans nos politiques de santé publique ».

Preuve que le sujet est compliqué, une étude dont on avait parlé dans un article publié en 2014 affirmait l’inverse.