L’altération du sentiment de justice est néfaste à la performance…

Il est surprenant de voir à quel point un nombre très significatif de collaborateurs ont l’impression de ne pas bénéficier d’un traitement juste.

Or, si un collaborateur a l’impression de ne pas être traité de manière juste, il va rétablir le sentiment de justice par différents moyens, tous très couteux pour l’entreprise.

La carence en sentiment de justice vient donc altérer la performance en favorisant la démotivation et le désengagement

« La théorie de la justice et de l’équité d’après ADAMS.

Adams (1963) a développé cette théorie selon laquelle un individu est motivé lorsqu’il considère que la rétribution qu’il perçoit de son travail (« outcomes ») est en ligne avec sa contribution (« inputs »).  La rétribution est aussi bien financière (salaire, prime) que non financière (reconnaissance, fierté, sécurité de l’emploi, promotion, sentiment d’accomplissement).  La contribution se fait par le biais non seulement du travail fourni mais aussi par d’autres biais tels que la compétence, les aptitudes personnelles, la confiance dans le chef, etc. Chaque individu accorde une valeur plus ou moins élevée à différents types de rétribution ou de contribution. La justice et l’équité perçues proviennent aussi de la comparaison que fait l’individu entre sa contribution et sa rétribution personnelles et celles de ses collègues ou de salariés d’autres entreprises. Si l’individu juge que, à contribution égale, un de ses collègues reçoit une rétribution supérieure, cela est facteur de démotivation. De même, s’il juge qu’un collègue reçoit une rétribution équivalente à la sienne alors que la contribution du collègue est inférieure, il sera enclin à se démotiver »[1].

Le sentiment de justice est source de bien-être, d’épanouissement et d’engagement au travail.

Une étude de l’IESEG[2] démontre que le sentiment de justice au travail a effectivement un impact positif sur le bien-être et l’épanouissement des salariés. Ainsi, 66% des personnes qui se sentent traitées de façon juste au travail ressentent un bien-être supérieur à la moyenne. A l’inverse, 69% des personnes qui se sentent traitées de façon injuste au travail ressentent un bien être inférieur à la moyenne.

Il est donc essentiel de rétablir le sentiment de justice…

Pour rétablir le sentiment de justice, il est indispensable d’être vigilant sur le nombre de félicitations par rapport au nombre de reproches.

On a parfois l’impression que la performance vient de la seule sanction vis-à-vis de l’erreur. Si tel était le cas, on n’aurait que des entreprises performantes, il est en effet très simple de se laisser aller à exprimer son mécontentement. Être juste, ce n’est pas taire ce qui ne va pas, ce serait irresponsable vis-à-vis de ceux qui ne font pas d’erreurs, c’est simplement parler trois fois plus de ce qui va bien.

Pour rétablir le sentiment de justice, il est essentiel d’être attentionné sur la manière de corriger les fautes.

Chaque fois que cela est possible, il est indispensable de prendre du recul et de corriger la faute tranquillement et de manière équilibrée. Ainsi, face à un collaborateur qui fait une faute, il est intéressant de repérer, avant de le voir, deux actions qu’il réussit bien. Lors de l’entretien, il sera alors plus facile d’aborder dans un premier temps ses zones de succès et de formuler ensuite des souhaits de progression au niveau du point le plus bas.

Pour rétablir le sentiment de justice, il est indispensable de cultiver l’équité entre les collaborateurs.

Cela est essentiel que ce soit en matière de rémunération, de périodes de congés, d’attention de la part des managers…

A l’échelle sociétale…

Il est tout aussi important d’être vigilant sur le sentiment de justice si l’on veut éviter une aggravation du niveau de stress et de ses conséquences humaines, sociales et économiques ainsi qu’un effondrement de l’engagement civique. Evitons donc, autant que faire se peut, de donner l’impression que certaines personnes prodiguent des conseils qu’elles ne s’appliquent pas. Vive l’exemplarité !

[1] http://www.fontainepicard.com/pdf/extraits/ext_mrh.pdf

[2] L’engagement des français au travail : une question de bien-être et de sentiment de justice http://www.ieseg.fr/wp-content/uploads/2012/03/CPEnqueteEMBA.pdf