Il y a plus de 20 ans, un 24 décembre, vers 14 h, alors que j’étais un jeune Faisant Fonction d’Interne au Samu, j’interviens sur un accident cyclo contre auto. Lorsque l’équipe part, je trouve que les éclats lumineux du gyrophare qui viennent se mêler aux scintillement des guirlandes sont plutôt beaux. Lorsque l’on arrive sur place un enfant de 15 ans git sur le sol, victime d’un traumatisme crânien majeur. On ne pourra pas le ranimer. Au retour, les mêmes assortiments de lumière sont tristes et ne parviennent en aucun cas à diminuer ma peine.

Si cette histoire me revient à l’esprit, c’est parce que je me suis fait la même remarque samedi 14 novembre, dans les rues de Paris. A de nombreux endroits, les guirlandes de Noël étaient déjà installées mais, à l’image de cette garde du 24 décembre, elles étaient engluées dans le malheur.

Il y a plus de 20 ans, ce 24 décembre, j’ai annulé une sortie entre amis, le soir. Je n’en n’avais vraiment pas envie. J’ai consacré mon temps à réfléchir à une prochaine mission que j’allais réaliser quelques semaines plus tard dans un cadre humanitaire dans une ville en guerre : Sarajevo. Et à trois heures du matin, je me sentais mieux. J’en avais déduit que l’altruisme et la Fraternité aident à supporter l’horreur.

Aujourd’hui, chers ami(e)s parisiens, pour moins sentir la douleur de l’horreur des attentats, je ne peux que vous inviter à renforcer l’altruisme et la Fraternité, que ce soit vis à vis de vos amis, de vos voisins, de vos collègues. Ainsi, peut-être, vérifierons-nous de nouveau ce beau principe, l’altruisme et la Fraternité aide à supporter l’horreur.

Dimanche après midi, j’ai pu apporter, à mon tout petit niveau, un peu de réconfort à deux personnes prises pour cibles lors des drames de vendredi soir, légèrement blessées mais profondément traumatisées. Dimanche soir, en les sentant un peu plus apaisées, j’étais moins triste.

Oui, chers ami(e)s parisiens, face à l’horreur, à notre tout petit niveau, en toute modestie, cultivons l’altruisme et la Fraternité.