Dans la tribune de rentrée, publiée sur le site de Ressources Humaines, Focus Rh, Philippe Rodet aborde l’impact bénéfique que pourrait avoir l’épidémie sur le présentéisme.

Comment définir le présentéisme ?

On parle de présentéisme dans le cas de collaborateurs présents sur leur lieu de travail mais souvent peu efficaces en raison de problèmes de santé. On pourrait y ajouter des collaborateurs qui restent au travail même si leur mission est terminée afin de bien traduire l’intensité de leur engagement, altérant ainsi l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle.

Quels sont les signes évocateurs de présentéisme ?

Il s’agit de signes indirects plus difficiles à apprécier qu’un simple absentéisme. Parmi ceux-ci on peut citer l’augmentation du nombre d’erreurs, la baisse de la qualité du travail réalisé et donc du rendement. Une étude américaine, signale que la productivité d’un employé peut être réduite de 33% ou plus en raison du présentéisme.

Le salarié présente en parallèle des problèmes de santé, pas suffisamment aigus pour justifier un arrêt de travail, mais évocateurs d’une souffrance morale ou de problèmes infectieux…

Le coût du présentéisme est supérieur à celui de l’absentéisme…

Une étude, conduite au Royaume-Uni, estime que les « jours perdus » attribués au  présentéisme  seraient 1,5 fois plus conséquents que ceux attribués à l’absentéisme.

Une autre étude belge de 2010 va dans le même sens : « Le présentéisme atteint 61% des coûts totaux relatifs à la santé dans une entreprise, suivi par les frais médicaux (28 %) et l’absentéisme (10 %) ».

Toujours dans le même registre, Matthias Spitzmuller – Professeur agrégé de comportement organisationnel à l’Université Queen’s – a déclaré en août 2021 dans Your Morning sur CTV que les coûts du présentéisme pour l’économie canadienne se chiffrent en milliards chaque année…

Le travail à distance imposé par l’épidémie devrait contribuer à diminuer le présentéisme…

En raison de l’épidémie, de nombreuses personnes ont travaillé à distance, moyen de diminuer la partie néfaste du présentéisme basée sur la contagiosité qu’elle soit de nature émotionnelle ou infectieuse.

En outre, quel que soit le type de contagiosité, la raréfaction des transports a permis de diminuer la fatigue et de favoriser ainsi l’amélioration de l’état de santé.

Enfin, une moindre exposition aux virus de quelque nature que ce soit a diminué nombre de problèmes de santé d’origine infectieuse.

En ce qui concerne la composante qui consiste à rester visible au bureau, elle devrait, elle aussi, régresser considérablement permettant à l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle de s’améliorer, contribuant à une meilleure santé.

Que faire maintenant ?

Etant donnée la probable évolution de l’épidémie, le travail à distance va diminuer au profit du travail en présentiel ; un juste équilibre devrait voir le jour avec une part de travail à distance pour diminuer la fatigue liée aux déplacements et une part en présentiel pour maintenir les liens sociaux.

Si cela est appliqué avec un peu de souplesse, ce peut être une belle occasion de diminuer le présentéisme.

Des comportements bienveillants à l’origine d’un moindre niveau de stress et d’une meilleure réalisation de soi devraient eux aussi contribuer à faire diminuer le présentéisme.

Passer d’une logique quantitative à une logique qualitative devrait également contribuer à diminuer le présentéisme, notamment celui lié à une volonté de traduire un fort engagement.