Laurent Bonnacasa et Philippe Rodet ont en commun d’avoir un parcours atypique et de s’intéresser au management et plus particulièrement aux moyens d’allier de la santé et de la réalisation de soi chez les collaborateurs.

Laurent Bonnacasa, depuis plus de vingt-cinq ans, occupe des  fonctions opérationnelles. Il s’intéresse particulièrement à la constitution et à la vie du collectif en entreprise.    

Philippe Rodet a exercé la médecine d’urgence pendant vingt-deux ans avant de voir comment la physiologie pouvait venir en aide au management notamment par le biais des comportements bienveillants.

Aujourd’hui, ils ont voulu aborder huit clés susceptibles de renforcer la confiance, confiance en soi et vis-à-vis des autres. Comme vous pourrez le constater, certaines sont éloignées des pratiques actuelles, faut-il les abandonner ou, au contraire, les promouvoir ?

Huit clés susceptibles de renforcer la confiance :

  • Reconnaître le travail de qualité :

La considération est un besoin très puissant chez l’être humain. Hervé Bazin, traduisait fort bien son importance : « Les gens ont soif de considération bien plus que de mérite. »

Témoigner de la reconnaissance, c’est ce qui est le moins coûteux mais paradoxalement le plus difficile à bien faire. Il faut de la conviction et de la sincérité au moment de l’exprimer. La forme est aussi importante que le fond, afin d’éviter  que ce témoignage soit contre-productif.

  • Connaître l’autre :

S’intéresser sincèrement à autrui, c’est se donner la capacité de le connaître et ainsi de créer un lien et c’est ce lien qui sera la base de la confiance réciproque.

Le temps passé à échanger avec un collaborateur ne se chiffre pas, mais est essentiel car à l’origine de l’engagement réciproque et du climat social. C’est ce temps passé à échanger qui permet à l’envie de construire d’être supérieure à la peur de l’avenir. Comment, au moment d’écrire ces lignes sur la nécessaire connaissance de l’autre, ne pas penser aux propos de Henry Ford : « Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise : sa réputation et ses hommes ».

  • Fixer des objectifs qui soient des « défis possibles » :

Aider un collaborateur à atteindre des objectifs qui soient des « défis possibles » va générer de la confiance chez celui-ci et faire émerger l’envie de tenter de nouveaux challenges, contribuant ainsi à rendre accessible un objectif qui ne le paraissait pas au départ.

  • Accorder un juste niveau d’autonomie :

Fixer un cadre rassure. Mais, une fois le cadre fixé, la prise  d’initiative doit être valorisée. C’est un cercle vertueux cette marque de  confiance va permettre d’éveiller sa conscience et devenir acteur de son évolution.

Selon Aristote : « Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections ». C’est cette vision qu’il faut partager dans le collectif pour accroître la confiance.

  • Avoir un but riche de sens :

Avoir un but commun donne du sens. Il est tentant d’objecter que l’incertitude sur l’avenir ne permet  pas de garantir la constance de ce but.

Cependant, il serait bénéfique d’oser fixer un but, quitte à l’adapter dans le temps . Cela permettrait à chacun d’exprimer au mieux son talent. Souvenons-nous en effet des propos de Mihaly Csikszentmihalyi, « le but fournit l’énergie de la vie ».

Le but humain pourrait correspondre à la vision et les objectifs chiffrés à la stratégie. Ne sacrifions pas le premier en raison de l’incertitude, les chiffres n’ont jamais été un catalyseur émotionnel.

  • Exprimer de l’empathie :

Etre capable de se mettre à la place de l’autre, c’est faire un effort sur soi ce qui est déjà une marque d’intérêt pour autrui qui est propice à la confiance. En effet, l’empathie apaise mais est d’autant plus difficile à exprimer que nous sommes sous tension. Oser témoigner de l’empathie, c’est faire un pas supplémentaire vers la personne.

  • Montrer de la vulnérabilité :

Un manager ne sait pas tout. Il ne faut pas hésiter à reconnaître que l’on ne sait pas.

Partager ses doutes, c’est aussi se rendre humain et témoigner de la confiance que l’on a dans l’autre. Cela permet de créer une relation de proximité et de sortir de la communication « froide et aseptisée » qui est largement décodée.

  • Etre présent dans les moments difficiles :

La confiance se renforce d’autant plus vite qu’elle est acquise en temps de crise. C’est dans ces moments où le temps manque, où tout est compliqué, que l’attention à l’autre sera perçue avec le plus d’intensité.

Comment est-il possible d’imaginer, que celui qui a été fiable en temps de crise ne sera pas digne de confiance en des temps de mer calme ?

La confiance génère de la santé et du succès :   

Paul J. Zak, se définit comme un neuro-économiste, expliquant qu’il utilise ses compétences en neurologie pour rendre l’économie plus performante. Il a beaucoup travaillé sur l’influence de l’ocytocine sur la confiance en soi et vis-à-vis d’autrui. Or, les différentes clés proposées dans cette tribune soit augmentent les émotions positives, soit diminuent les émotions négatives, favorisant bien la sécrétion… d’ocytocine ! Et cette hormone est capable, en plus de renforcer la confiance en soi et vis-à-vis d’autrui, de diminuer le niveau de stress, de renforcer la cohésion, la persévérance, l’optimisme et la créativité, autant dire la santé et le succès.