L’épidémie que l’on vient de traverser a des impacts majeurs. Elle a augmenté le niveau de stress chez un nombre significatif de personnes avec des conséquences importantes sur la santé et sur l’engagement. Il n’est pas question dans cette tribune de se lamenter sur le présent mais d’essayer de le comprendre au mieux pour imaginer un avenir meilleur.

L’épidémie a généré du stress…

Pour l’expliciter, on pourrait s’appuyer sur l’enquête d’OpinionWay qui montre une augmentation de 10% du nombre de personnes stressées.

On peut également constater que l’enquête réalisée par Santé Publique France montre que 27% des fumeurs ont consommé davantage de tabac pendant la période du confinement.

Le nombre d’arrêts cardiaques a doublé en région parisienne au pic de l’épidémie. Certes, un tiers seraient liés à l’infection au coronavirus, certains certainement favorisés par la saturation des différents acteurs de santé mais on ne peut nier l’impact du stress…

Enfin, un article paru sur le site de France Info aborde l’influence du stress lié au contexte sur les consultations en dermatologie : « Dans le cabinet de ce dermatologue, 50% des patients consultent pour des pathologies liées au stress. »

Les causes de stress…

Il y a bien sûr la peur de contracter la maladie, de la transmettre à ses proches, de ses conséquences parfois graves.

Il y a également l’affaiblissement des « facteurs de protection » du stress lié au confinement et notamment à la dégradation des liens sociaux, à la moindre activité physique en raison de la raréfaction des déplacements, aux difficultés à projeter vers des moments agréables (repas entre ami(e)s, évasions du week-end…).

Les conséquences :

Il convient ici de différencier les conséquences à court terme et celles à moyen terme.

A court terme, on va avoir un impact du stress sur la santé et sur l’engagement. Sur ce point là, il est intéressant de constater que selon l’enquête d’OpinionWay, le pourcentage de collaborateurs motivés a baissé de 25% pendant la crise. On sait que lorsque le stress augmente, la motivation baisse, cela vient le démontrer une fois de plus.

A moyen terme, le risque sera essentiellement sur le plan psychique. On sait que les crises génèrent du stress dans un premier temps et ont un impact sur l’état moral dans les mois et années qui suivent, avec un point culminant à trois ans.

Les remèdes :

Il est donc logique d’essayer de diminuer le niveau de stress et d’augmenter la motivation.

Pour diminuer le niveau de stress des collaborateurs, il est intéressant de bien les accueillir et de les rassurer.

Bien accueillir !

Bien accueillir passe par le fait de prendre des nouvelles des collaborateurs et de leurs familles et de leur exprimer la joie que l’on a de les retrouver. Bien accueillir, c’est aussi aider les collaborateurs à voir le sens de leur mission ; cela passe par le fait d’expliquer l’importance de reprendre le travail pour les clients et pour l’établissement afin de renouer avec une stabilité économique durable.

Rassurer !

Rassurer repose sur la mise en place des mesures barrières en permettant aux collaborateurs de se laver les mains régulièrement avec de l’eau et du savon et en mettant à disposition du gel hydroalcoolique.

Rassurer nécessite de désinfecter les surfaces contacts (poignées de porte, boutons d’ascenseurs…), les chaises, les toilettes, les bouches de ventilation… avec des solutions adaptées et de respecter une distance suffisante d’au moins un mètre entre les personnes.

Rassurer impose d’avoir des stocks suffisants de masques afin que les collaborateurs puissent en changer régulièrement.

Rassurer passe aussi par la mobilisation, quand c’est possible, du médecin du travail. Un protocole validé par le médecin du travail est une belle caution.

Rassurer passe aussi par l’explication de l’aspect réaliste de la stratégie économique. Il ne suffit pas de dire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, il est essentiel de dire pourquoi. Il est tout autant essentiel de montrer que l’on sait s’adapter au contexte. Mieux vaut imaginer un avenir incertain et montrer que l’on va le sécuriser en s’adaptant que de ne rien dire ou minimiser les risques.

Motiver !

D’une manière générale, depuis des mois, les collaborateurs – comme toutes les personnes – sont soumis à un flux d’émotions négatives. Il est donc essentiel de faire émerger des émotions positives et de diminuer les émotions négatives.

Pour faire émerger des émotions positives, il est possible d’aider à voir le sens de l’activité et de la reprise, de fixer des objectifs qui soient des « défis possibles », d’accorder un juste niveau d’autonomie, d’exprimer des retours positifs dès que possible…

Pour diminuer les émotions négatives, il est essentiel de faire l’effort d’être perçu comme juste, d’éviter et/ou de corriger des maladresses comportementales ; de faire l’effort d’être cohérent entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, de muter le pessimisme en optimisme en aidant chacun à prendre conscience des leviers qu’il a utilisé pour réussir.

Demain…

Le risque est que demain, rien ne change.

Le risque est que Michel Houellebecq ait raison. « Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire ».

L’espoir serait que le monde soit le même, en un peu meilleur, en un peu plus… bienveillant ! Une bienveillance favorisée par la prise de conscience que la confiance est possible (le télétravail imposé l’a prouvé) ; une bienveillance qui bouleverse les proximités et les distances (on peut être à 400 km, avoir un tête à tête de qualité grâce aux visioconférences et diminuer la fatigue inhérente aux déplacements) ; une bienveillance née de l’engagement de chacun à agir concrètement pour le bien d’autrui (un bien fait d’un subtil alliage de santé et de réalisation de soi), une bienveillance qui ouvre la voie à de nouvelles intelligences qui aident chacun, quel qu’il soit, à mieux réussir et à vivre mieux en pensant tout simplement davantage à autrui.

Oui, demain, peut être un monde un peu meilleur !