Des centaines de religieuses à travers le monde souffrent de burn-out.

C’est l’information surprenante rapportée dans Ouest-France suite à la publication du dernier supplément mensuel féminin du journal du Vatican “Donne Chiesa Mondo” (femmes, Église, monde).

Pour la seconde fois, le magazine dénonce les conditions de vie et de travail de religieuses, victimes d’états d’épuisement et de stress préjudiciables. Le cardinal Joao Braz d’Aviz, lui-même, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, libère la parole sur ce tabou, faisant état de cas de sœurs condamnées à une vie très dure.

Pourquoi des religieuses en burn-out?

Les causes des burn-out sont multiples, liées à la chute des vocations, à l’abandon de la vie religieuse en Europe mais surtout à un écosystème et à une culture d’organisation qui ne favorisent pas l’équilibre de vie et les bonnes conditions de réalisation des missions.

La Soeur Maryanne Lounghry, religieuse australienne, psychologue, chercheur et universitaire, évoque ces failles organisationnelles dommageables : « Ne pas avoir le contrôle de sa propre vie, ne pas pouvoir programmer, mine la santé mentale. Travailler dans l’ambiguïté, sans des règles sûres, peut me faire sentir harcelée, abusée, agressée ». Elle souligne également la différence de droits et obligations plus favorables aux religieux qu’aux religieuses, entraînant des situations d’oppression.

Il est urgent d’agir…

Devant un tel constat, dont les conséquences sont parfois dramatiques, des initiatives inédites ont été décidées. L’Union internationale des Supérieures générales (UISG) va mettre en place, pour une période de trois ans, une commission pour traiter ce phénomène du « burn out » et proposer des mesures en faveur du droit au soin pour les religieuses et un cadre contractuel pour leurs conditions de travail. «Notre objectif », explique la Sœur Maryanne Lounghry, « est de construire des communautés résilientes. Nous ne devons pas nous limiter à traiter des cas particuliers mais nous attaquer à l’ensemble de cet écosystème». Elle a par ailleurs ajouté qu’il faudrait « investir dans le bien-être des religieuses ».

Une maison d’accueil et d’accompagnement

Le pape François, très préoccupé par ce drame vécu par des religieuses, a décidé l’ouverture à Rome d’une maison d’accueil pour héberger et accompagner ces femmes, dont la situation intenable les a poussées à la rue, après avoir dû quitter leur communauté. « Tout ceci doit absolument changer », a conclu le Cardinal d’Aviz.

Sophie Nouaille