Depuis le début de l’année, le nombre de suicides dans la Police est important puisque 24 policiers auraient mis fin à leurs jours en quatre mois.

Une situation ancienne mais qui s’aggrave…

Il y a plusieurs années que les suicides dans la Police sont importants. En novembre 2017, on s’inquiétait déjà de la mort par suicide de 39 policiers depuis le début de l’année. Si le phénomène semble s’aggraver, il n’est malheureusement pas nouveau.

Les causes de cette mauvaise évolution sont certainement multiples

Une surcharge de travail en hausse depuis quelques mois, des relations moins soutenues avec la famille en raison d’une plus grande présence sur le terrain, des moyens parfois perçus comme insuffisants qui peuvent être interprétés comme un manque de considération, un sentiment de reconnaissance générale certainement altéré. Déjà en mars 2015, une grande enquête menée par la Direction des Ressources et des Compétences de la Police Nationale (DRCPN) afin de connaître le ressenti des policiers et leurs conditions de travail concluait que 64% des policiers considéraient que les relations avec la population s’étaient dégradées.

Autre élément important, 62,7% trouvaient que leur motivation diminue, ce qui est logique lorsque les tensions augmentent.

Mais alors que faire pour réduire le nombre de suicides dans la Police ?

  • Faire émerger des Personnalités sentinelles…

Déjà, dans un article du 6 avril 2015, nous abordions ce sujet et faisions une proposition : faire émerger des personnalités sentinelles comme le font les Canadiens et même les Belges au niveau de la Police de la Province de Liège.

Il s’agit de former des collègues à savoir voir une personne qui ne va pas bien, moralement parlant, à savoir s’adresser à elle et à savoir l’orienter.

En France, en s’appuyant sur le même principe, des entreprises mettent en place des « Bienveilleurs ». Cela pourrait être une action complémentaire à développer à la mise en place de la « Cellule alerte et prévention suicide » mise en place par le ministre de l’Intérieur.

Je crois beaucoup aux personnalités sentinelles parce qu’une personne qui souffre moralement est en phase d’apathie et, de ce fait, pas en mesure de demander de l’aide. Qu’un collègue puisse tendre la main au bon moment peut s’avérer très efficace.

Cet intérêt pour les Bienveilleurs est encore renforcé par une récente enquête de The Workforce View in Europe 2019. Elle montre en effet que 30% des salariés en Europe n’osent pas parler librement de leurs problèmes psychiques.

  • Aider les policiers à savoir se protéger eux-mêmes des effets du stress…

Il existe de nombreux moyens de se protéger soi. Il est essentiel que les Policiers connaissent ces moyens et puisse choisir ceux qui leur correspondent le mieux.

  • Optimiser le management…

Lorsque le stress augmente, la motivation baisse. Or, la motivation est protectrice du stress. Il est d’autant plus important d’optimiser le management que les relations avec la population peuvent être compliquées et altérer ainsi le sens du métier. Promouvoir des comportements bienveillants revient à augmenter les émotions positives et à diminuer les émotions négatives ce qui contribue à réduire les effets du stress et à améliorer la motivation.

Face à un fléau qui ne cesse de s’accroitre, inspirons-nous de ce qui s’avère efficace…

S’inspirer de ce qui marche à l’étranger peut être intéressant et je pense notamment aux personnalités sentinelles. Un article paru sur le site canadien « La Presse » le 1er mars 2013 abordait la douloureuse question des tentatives de suicide devant les métros.

Cet article est intéressant pour deux raisons.

D’une part, il montre que l’on peut agir efficacement puisqu’entre 2002 et 2012, le nombre de tentatives de suicide est passé de 28 à 12.

D’autre part, il montre l’efficacité des personnalités sentinelles, ces « bienveilleurs » largement utilisés au Québec. Les sentinelles sont en l’occurrence des employés de la STM, Société de Transport de Montréal, formés afin de reconnaître des personnes en détresse.