Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv ont publié la semaine dernière dans la revue Stress and Health un article nommé « Blessure physique, stress et santé : le rôle protecteur de l’optimisme dispositionnel ». Les chercheurs ont souhaité comprendre jusqu’où l’optimisme pouvait être vecteur de santé. Leurs découvertes sont très intéressantes, notre regard porté sur la vie jouerait un rôle important sur notre système immunitaire, et ceci plus particulièrement lorsque l’on est blessé.

Qu’est-ce qu’être optimiste ?

Une personne optimiste va s’attendre au meilleur. Elle a confiance dans la tournure positive des événements. Elle voit les challenges de la vie comme réalisables, aborde l’adversité de façon active et positive. Ainsi, elle persévère davantage et augmente ses chances de succès dans l’atteinte de ses objectif. À l’inverse, une personne pessimiste va plutôt imaginer le pire et ainsi se démotiver de tenter d’agir.

Comment cette recherche s’est déroulée ?

Les chercheurs ont réuni 78 participants. La moitié était en parfaite santé, l’autre moitié avait été victime d’une blessure entre 6 et 100 mois avant l’étude : accident de la route, blessure liée à une activité sportive, accident domestique, etc. Pour éviter tout lien avec des troubles cognitifs générés par l’accident, les chercheurs ont exclu de l’étude les personnes blessées à la tête.

Les participants devaient ensuite reporter les différentes maladies courantes dont ils avaient été victimes sur les six derniers mois : fièvre, grippe, mal de gorge, rhume, asthme, allergies, conjonctivite, éruption cutanée ou une infection des oreilles. 

Un questionnaire évaluant leur niveau de stress et d’optimisme

Puis, les participants répondaient à différentes questions, comme : « Durant les 30 derniers jours, avec quelle fréquence avez-vous été contrarié suite à des événements survenus de façon imprévisible ? », ou encore : « Durant les 30 derniers jours, avec quelle fréquence vous êtes-vous dit que ce qui vous arrivait était ce que vous attendiez ? ». Par ces différentes questions, les chercheurs ont pu évaluer le niveau de stress moyen ressenti des participants. En parallèle, l’équipe de recherche a prélevé des échantillons de salive de chaque participant pour évaluer leur niveau de stress en fonction du taux de cortisol relevé, l’hormone du stress.

Pour évaluer leur niveau d’optimisme, ils devaient répondre à d’autres questions du type : « Lorsque les choses sont incertaines, j’ai tendance à m’attendre au meilleur » ou encore : « Je suis optimiste quant à mon futur ».

Grâce à ces différentes questions, les chercheurs ont pu dresser un profil type des personnes blessées, afin de le comparer avec les personnes non blessées.

L’optimisme nous protège !

Les chercheurs ont constaté que l’optimisme est plus élevé chez les sujets sains (non-blessés) que chez les participants blessés. Ce résultat était prévisible. En revanche, ces chercheurs ont constaté que l’optimisme joue un rôle protecteur par rapport aux conséquences négatives du stress chez les personnes blessées, tout en améliorant leur qualité de vie liée à la santé (health-related quality of life). Ainsi, une personne blessée mais optimiste est moins stressée que son homologue pessimiste ! Cette relation n’est pas apparue chez les participants non-blessés, en revanche chez ces sujets un niveau d’optimisme élevé réduisait les effets négatifs du stress sur la qualité de vie liée à la santé. Les sujets non-blessés qui se déclaraient très stressés témoignaient donc d’une meilleure qualité de vie liée à la santé s’ils étaient optimistes que s’ils ne l’étaient pas. 

Différentes explications des bienfaits de l’optimisme

Les chercheurs citent une recherche menée en 2016 par l’équipe d’Avvenuti selon laquelle l’optimisme pourrait agir directement sur le système neuroendocrinien et le système immunitaire, ou indirectement en favorisant les comportements de protection de soi, en adaptant ses stratégies pour faire face aux difficultés ou en améliorant notre état d’esprit. Les auteurs de l’étude qui vient d’être publiée suggèrent que chez les personnes blessées, l’optimisme agirait directement sur le niveau de stress ressenti et réduirait en conséquence la détérioration de la qualité de vie liée à la santé. Il est donc important de cultiver notre optimisme.

Comment cultiver notre optimisme au quotidien ?

N’oublions pas la vision de notre célèbre philosophe, Alain, pour qui « le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté ». En effet, c’est bien à chacun d’entre nous d’agir pour changer notre façon de voir les choses. Derrière chaque difficulté peut se cacher une opportunité. Jacqueline de Romilly, helléniste membre de l’Académie Française était très optimiste. Elle avait cette belle formulation pour agir en faveur d’un optimisme d’action : « Faisons l’effort de transformer nos soucis en défis. Les soucis nous accablent, les défis on a envie de les relever ! ». Oui, changeons notre regard sur les difficultés que l’on traverse pour contribuer à la construction d’un monde plus optimiste.

D’ailleurs, notre marge de progression est importante car le 23 décembre 2011, le journal Le Parisien titrait « Les Français, les plus pessimistes du monde » en s’appuyant sur une étude menée dans 51 pays, où nous sommes arrivés derniers ! C’est à chacun d’entre nous d’agir pour voir la vie du bon côté, et améliorer notre santé !

Un exercice tout simple permet à ce sujet d’être plus optimiste en augmentant notre sentiment d’efficacité personnelle, c’est-à-dire la conscience que dans un domaine bien précis, on a du talent. Il s’agit d’utiliser un « carnet des petits succès ». Si à chaque fois qu’on obtient un succès, on le note sur un petit carnet, on ne pourra s’empêcher de relire à chaque fois les 7-8 succès précédents, ce qui génère de l’optimisme, de la créativité, de la confiance en soi et de la persévérance. Et forcément, plus on persévère dans la bonne direction, plus on réussit. C’est un formidable vecteur d’optimisme ! La clé est en chacun de nous.

Retrouvez l’étude publiée la semaine dernière dans la revue Stress and Health (en anglais).