Un communiqué de presse de l’Inserm publié le 30 août 2016, intitulé « Le récepteur de la caféine contrôle les troubles de la mémoire liés à l’âge », décrit les résultats d’une récente étude parue dans la revue Scientific Reports.

Une équipe de chercheurs portugais de l’Instituto de Medicina Molecular (IMM Lisboa) a mené une étude en collaboration avec des spécialistes français de l’Inserm, et des équipes d’Allemagne et des Etats-Unis. L’expérience, réalisée chez le rat, décrit le mécanisme par lequel la caféine empêche l’apparition de troubles cognitifs liés au vieillissement.

Les scientifiques ont effet démontré que l’expression anormale d’un récepteur cible de la caféine (ou récepteur A2A de l’adénosine) dans le cerveau des rats, entraîne l’apparition de troubles de la mémoire en lien avec la perte des mécanismes de contrôle du stress.

L’expérience, initiée il y a quatre ans, avait pour principal but de comprendre le rôle que jouait le récepteur A2A dans l’apparition du stress. Les scientifiques ignoraient cependant que l’altération de ce récepteur avait des conséquences néfastes : « Nous avons désormais découvert que la modification de la quantité de ce récepteur dans les neurones situés dans des zones liées à la mémoire (de l’hippocampe et du cortex) suffisait à produire un profil que nous avons appelé « profil de vieillissement précoce » combinant la perte de mémoire et l’augmentation des hormones du stress dans le plasma (cortisol) » explique Luisa Lopes, Chef de Groupe chez iMM Lisboa et Coordinatrice de l’étude.

En bloquant le récepteur A2A avec un analogue de la caféine chez les animaux en stade de vieillissement précoce, les spécialistes ont pu constater un recouvrement des performances mnésiques chez ces derniers. Parallèlement, le blocage du récepteur freine la perte des mécanismes de contrôle du stress due au vieillissement.

David Blum, Directeur de Recherche à l’Inserm, explique que « chez les personnes âgées, nous savons qu’il y a une augmentation des hormones du stress qui ont un impact sur la mémoire. Nos travaux soutiennent l’idée selon laquelle les effets procognitifs de la caféine et ses analogues (antagonistes de A2AR), observés dans les troubles cognitifs liés à l’âge et dans la maladie d’Alzheimer, reposent sur cette capacité à contrecarrer la perte des mécanismes de contrôle du stress engendrée par le vieillissement. »

Les résultats de l’étude ouvrent ainsi des perspectives thérapeutiques très intéressantes pour le traitement futur des maladies telles qu’Alzheimer.

Nous abordions dans un précédent article le lien entre stress et Alzheimer, et évoquions les effets positifs du café sur la santé, ainsi que sur le moral.