Il y a quelques années, si le mot stress était beaucoup moins employé qu’aujourd’hui, un autre mot était également très peu utilisé. Il s’agit du burn out. On pourrait définir le burn out comme un état d’épuisement professionnel, se traduisant par un épuisement physique, psychique et biologique. Les circonstances de survenue allient souvent deux paramètres : un hyper investissement au travail, pas forcément exigé par l’employeur, durable, et une baisse de la motivation

L’hyper investissement au travail n’est pas forcément exigé par l’employeur.

Certains profils, très exigeants, sont capables de travailler énormément par ce qu’ils ne supportent pas que leur travail ne soit pas exemplaire. Cela est illustré par le fait que les médecins généralistes qui n’ont en général pas de supérieur hiérarchique, sont concernés par ce type de pathologies. Une étude de 2009 concernant le haut niveau de stress des médecins généralistes en Europe et au Canada montre que « le pourcentage de haut niveau de stress ou de burn-out est de 42,5 % au Canada et de 43 % en Europe ».
Parmi les sources de stress avancées par ces médecins, on retrouvait « la charge de travail, l’équilibre entre le travail et la famille, les règles et obligations complexes, le défi des innovations incessantes, les patients difficiles, le manque de considération, les préoccupations financières, la difficulté de se faire remplacer ».

L’équilibre entre hyper investissement durable et baisse de la motivation est assez classique.

C’est le collaborateur qui s’investit énormément et qui, un jour, perçoit brutalement un manque de reconnaissance.
Si l’on revenait au monde médical, on s’est aperçu qu’une structure, aux Etats-Unis, employant des médecins urgentistes était confrontée à un nombre de cas de burn out d’autant moins important que le sens avait été développé. Dans cette installation médicale prestigieuse, il a été constaté que lorsque les médecins passent un jour par semaine sur l’aspect de leur travail qui présente le plus de sens pour eux, cela peut réduire leur épuisement physique et émotionnel. On s’est aperçu que les médecins qui ont participé à cet essai, étaient deux fois moins confrontés à des burn-out que ceux qui ne l’avaient pas fait.
Si l’on s’efforce d’aller vers des horizons très éloignés du travail classique, on retrouve, là encore cet équilibre entre investissement important et durable et baisse de la motivation. Ainsi, à l’occasion de la sortie du livre du Professeur Giuseppe Crea, « Aisance et malaise dans le service pastoral, reconnaître et soigner le  burn-out dans le service des autres », le problème des excès de stress et du burn-out chez les prêtres est abordé. Selon Giuseppe Crea, professeur de psychologie à l’Université pontificale Urbaniana, le burn-out chez les prêtres viendrait de l’association  » crise du zèle  » et « manque d’enthousiasme »…
Il en est de même pour les acteurs de l’humanitaire. Selon une étude réalisée par le Center for Disease Control (CDC) d’Atlanta (USA), les personnes qui s’investissent dans un cadre humanitaire font d’autant moins de dépression et de burn out à leur retour, que leur niveau de motivation au départ est très élevé.

Comment diagnostiquer un burn out ?

On va rechercher des facteurs d’investissement très important datant de plusieurs mois et un événement ayant pu être à l’origine d’une baisse de motivation. On va constater des symptômes évocateurs de dépression : baisse de l’envie d’agir, fatigue, troubles du sommeil, de l’appétit, manque de confiance en soi…
Les signes évocateurs d’une dépression et d’un burn out sont très proches. Aussi, si l’on veut affiner le diagnostic, il est possible de s’appuyer sur la biologie.
Une étude, menée début 2011, par le Professeur Sonia Lupien (Directrice scientifique du Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine et professeur titulaire au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal) et Robert-Paul Juster (affilié au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine et au Centre d’études sur le stress humain, doctorant au Département de neurologie et neurochirurgie de l’Université McGill), est consacrée en partie aux moyens biologiques de confirmer le diagnostic de burn-out en cas de doute avec une dépression. Il s’avère que le dosage du cortisol (hormone du stress) puisse aider puisque en règle générale, celui-ci est abaissé en cas de burn out et élevé en cas de dépression. L’intérêt du diagnostic est important car si l’on confond un burn out avec une dépression, on va administrer des antidépresseurs qui vont faire baisser le taux de cortisol qui est déjà trop bas.

Comment éviter un burn out ?

Etre vigilant avec un collaborateur qui s’investit énormément. Il est essentiel de contrôler son niveau d’investissement pour éviter qu’un jour, il se retrouve dans une situation difficile.
S’efforcer de maintenir un niveau de motivation important en cultivant le sens, en fixant des objectifs au bon niveau, en bâtissant une vision, en encourageant – on sait que l’absence d’encouragements augmente le niveau de stress – , en étant vigilant sur le sentiment de justice, en reconnaissant ses erreurs – excellent moyen de diminuer les frustrations et donc le niveau de stress et de renforcer la cohésion.
Il est intéressant de voir que les suggestions d’un docteur en médecine peuvent entrer en résonnance avec celle d’un docteur en… économie ! En effet, le fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab, expliquait dans « Les Echos  » du 20 janvier 2012 qu’il faut « une nouvelle forme de leadership pour lutter contre le burn-out », « une nouvelle forme de leadership » basée sur une « vision claire » et des … «valeurs » ! Et Klauss Schwab de préciser : « Les valeurs associées à un véritable leadership doivent prendre en compte bien plus que les bénéfices à court terme pour les actionnaires ou le prochain sondage pour les intentions de vote… ». Il s’agit donc de valeurs au service du bien commun, ô combien, riches de sens.

Plus que jamais, dans les périodes d’incertitude que nous traversons, il est essentiel de prendre soin de nos collaborateurs, en s’assurant qu’ils n’entrent pas dans des logiques d’hyper investissement incontrôlées et qu’ils gardent un niveau de motivation important.
Appliquer en quelque sorte les conseils du Professeur Michel Tremblay (Professeur de management à HEC Montréal) : « plus une entreprise prend soin de ses troupes, moins leur motivation pâtira pendant la crise ».

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