Points de vue

En s’engageant, on peut se faire du bien

Opinion. Un médecin et un chef d’entreprise l’expliquent : en prenant des responsabilités dans la société, on améliore son bien-être.

Le stress n’est pas seulement un phénomène répandu qui touche 44 % des Français, ni un simple mal individuel qui a des conséquences sur la vie des gens, leur bien-être, leur réussite professionnelle, scolaire ou même sportive. C’est aussi un fléau qui coûte des fortunes à la collectivité : on estime le coût global annuel du stress à 1 800 milliards de dollars aux États-Unis et à 160 milliards de dollars au Royaume-Uni, dont la population est équivalente à celle de la France.

Les dégâts créés par le stress sont liés au fait qu’il peut devenir chronique, s’il émane de plusieurs sources. D’où la nécessité d’en réduire certaines. Dans le monde du travail, le management qui considère « l’homme » comme « principal capital de l’entreprise » joue un rôle crucial. En cultivant la motivation, on permet à chaque personne de se sentir considérée comme un élément de la réussite de l’entreprise. On sait ainsi que, sur deux populations d’employés, celle qui présente le moins de pathologies est généralement celle qui est la plus motivée. Christian Lemoine, le président fondateur du Creci (Centre de recherche et d’étude sur la communication industrielle) l’illustre en affirmant qu’« un homme qui est en route vers un projet qui le passionne est invulnérable à l’accident et à la maladie ».

On peut aller plus loin en associant à un management de qualité un engagement en faveur d’un projet d’intérêt général. Le Canada ne s’y est pas trompé, puisque l’un des dix points clés de sa politique en matière de « santé mentale » y est l’engagement en faveur du bien commun. En un mot, on se fait du bien à faire le bien.

La motivation contre le stress

Il y a plusieurs manières de favoriser un tel engagement : fondations d’entreprise, mécénat de compétences, aide à des associations. Investisseurs, dirigeants d’entreprises, cadres sont invités à cette prise de conscience.

Quelques données strictement médicales appuient cet objectif. Le stress – quelle que soit son origine – est d’autant plus toxique qu’il comporte plusieurs sources et que les molécules qui sont libérées sous son influence ne sont pas « consommées » par l’organisme. C’est justement parce qu’il présente ces deux caractéristiques que le stress d’origine émotionnelle, de loin le plus fréquent, est particulièrement nuisible. Et c’est justement contre cela qu’agit la motivation. D’une part, elle favorise la libération d’une substance qui combat directement les effets du stress : le gaba. D’autre part, elle libère une autre substance, la dopamine, qui provoque du plaisir à agir et donc y incite, en favorisant la consommation des molécules libérées en cas de stress.

D’où l’intérêt, bien compris, d’associer performance économique, bien-être individuel et responsabilité sociale.

Emmanuel Vasseneix et Philippe Rodet