L’impact moral de la crise s’exprime aux Etats-Unis…

Dès le début de la crise, en avril 2020, nous citions une étude réalisée par l’École de santé publique de l’Université de Boston et publiée dans la revue JAMA Network Open qui montrait qu’entre avril 2019 et avril 2020, le pourcentage de personnes dépressives était passé de 8,5 à 27,8%.

Selon un article du Wall Street Journal repris par l’Opinion, l’impact sur le niveau de stress a été lui aussi sévère si bien qu’une enquête réalisée en septembre 2021 par le Conference Board a montré que plus de 75% des 1800 salariés interrogés estimaient que le stress et le burnout étaient les principaux freins au bien-être au travail. Ils n’étaient que 55% six mois plus tôt.

D’après ce même article, les sondages Gallup vont dans la même direction. Ils « révèlent aussi que le stress et l’anxiété ont augmenté chez tous les salariés pendant la pandémie. En 2019, 48 % des Américains estimaient avoir été soumis à un stress intense la veille. En décembre 2020, ce pourcentage atteignait 51 % pour les salariés en présentiel et 59 % pour les salariés en télétravail ».

Conséquences de cela, « sur les dix premiers mois de 2021, près de 39 millions de travailleurs américains ont démissionné ».

Les dirigeants d’entreprises tentent d’endiguer le phénomène en mettant en place plusieurs actions : « jours de repos obligatoires pour tous, plages horaires pendant lesquelles les réunions sont interdites, semaine de quatre jours, travail asynchrone pour que chacun puisse s’organiser comme il le veut… »

En France, on constate le même phénomène…

Dans notre pays, le niveau de stress a aussi considérablement augmenté et l’état moral s’est également dégradé.

Diminuer les sources de stress…

A l’image de ce qui est proposé aux Etats-Unis, il serait opportun de diminuer les sources de stress en revisitant les reportings et en faisant en sorte que seuls ceux qui sont essentiels soient conservés, en ne maintenant que les réunions indispensables et en contrôlant leur durée…

Aider à mieux connaître les signaux faibles du stress…

En parallèle, il me semblerait intéressant de permettre au plus grand nombre possible de personnes d’avoir en tête des signes évocateurs d’un haut niveau de stress afin de leur permettre de s’alerter à temps.

Il peut s’agir de contractions musculaires au niveau des trapèzes, des muscles paravertébraux, de maux de tête qui surviennent surtout en fin de journée, de troubles du sommeil, de changements de comportement à connotation agressive, de difficultés de concentration, de mémorisation, d’une fatigue anormale, d’une augmentation de la consommation d’alcool, de tabac de produits psychoactifs… Si un seul de ces signes ne veut rien dire, l’association de plusieurs d’entre eux doit interpeler.

Augmenter les facteurs de protection…

Il serait également judicieux d’augmenter les facteurs de protection en aidant chaque collaborateur à bien percevoir le sens de son action, en accordant un juste niveau d’autonomie, en faisant en sorte que tout objectif ambitieux soit décomposé en objectifs intermédiaires qui soient un défi possible, en formulant des retours positifs, en cultivant le sentiment de justice, en exprimant de la considération, en évitant le manque d’empathie, en mutant le pessimisme en optimisme…

Pour les personnes en relation avec le public et exposées à une plus grande agressivité des clients, un tel management, bienveillant, augmenterait leurs capacités à moins subir en recréant un équilibre protecteur.

Mettre en place des Bienveilleurs…

Pour éviter les problèmes majeurs sur le plan moral, la mise en place de Bienveilleurs, des salariés formés à savoir voir, à savoir s’adresser et à savoir orienter vers le bon interlocuteur (Médecin du travail, Assistants sociaux, services Rh, manager, médecin traitant…) un collègue en difficulté, apparait comme une hypothèse intéressante.