J’ai souvent abordé l’influence bénéfique de la motivation sur le stress. Mais, pour pouvoir motiver, il faut préalablement diminuer le niveau de stress. Un collaborateur victime d’un niveau de stress important et durable ne peut donc pas être motivé. A l’inverse, un collaborateur relativement détendu, peut être motivé et bénéficier alors de l’effet bénéfique de la motivation sur la santé, ce qui vient encore renforcer sa sérénité.

La motivation aide à diminuer les effets du stress par deux moyens.

D’une part, elle améliore notre perception. La définition du stress au travail de l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail est très claire : « Un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Si on améliore la perception des ressources grâce à la motivation, le niveau de stress diminue.

D’autre part, la motivation qui provient d’une augmentation des émotions positives (sens, liberté d’action, gratitude, encouragements…) et d’une diminution des émotions négatives (reconnaissance de ses maladresses, de ses erreurs, sentiment de justice…) favorise la sécrétion d’ocytocine notamment, hormone qui diminue les effets du stress.

En revanche, jusque-là, l’influence néfaste du stress sur la motivation n’a été que peu abordé.

Dans un article intitulé « Biologie de la motivation », des chercheurs[1] abordent le rôle joué par l’acétylcholine dans la motivation. Or, le stress provoque un déséquilibre du système sympathique  – parasympathique[2] au bénéfice du système sympathique. Le taux d’acétylcholine, neuromédiateur typique du système parasympathique, diminue donc rendant la motivation biologiquement impossible.

Si l’on veut avoir des collaborateurs motivés, il est donc essentiel de faire en sorte que leur niveau de stress soit le plus bas possible et en parallèle de développer des leviers de motivations intrinsèques.

Le fait que lorsque le pourcentage de personnes éprouvant du stress augmente (63% des salariés français éprouvent du stress au travail[3]), le niveau de démotivation progresse pourrait bien illustrer ce phénomène. En effet, entre 2002 et 2014, la démotivation des salariés passe de 26% de nos concitoyens à 38%.[4]

Il convient de noter que chez les cadres supérieurs, certainement plus soumis au stress, l’évolution est encore plus franche. On passe en effet de 19% de cadres supérieurs démotivés en 2007 à 33% en 2010[5].

Diminuer le niveau de stress pour améliorer la motivation et faire en sorte qu’il soit enfin possible d’allier réussite individuelle, performance collective et… santé devient un enjeu majeur notamment au niveau de nos entreprises.


[1] Hervé Allain et Danièle Bentué-Ferrer (Département de pharmacologie – Centre Mémoire Ressources Recherche de Bretagne – Université de Rennes I) ; Lucette Lacomblez (Département de pharmacologie – Fédération de neurologie Mazarin – CHU Pitié Salpêtrière – Paris)

[2] Le système nerveux sympathique a pour neuromédiateur l’adrénaline alors que le système nerveux parasympathique a pour neuromédiateur l’acétylcholine.

[3] Sondage Opinionway – octobre 2012

[4] Source : Gallup – Ifop / Baromètre Ipsos – Edenred

[5] Outline septembre 2010