On parle souvent de la souffrance au travail des collaborateurs mais, rarement, on aborde le stress des dirigeants de P.M.E.. Et cependant, cette souffrance est bien réelle puisque, selon l’observatoire Amarok, sur environ 400 chefs d’entreprise, 94 % d’entre eux souffrent d’insomnie !

Une rapide réflexion aide à comprendre les principales raisons de la souffrance des dirigeants.

Stress des dirigeants : le contexte…

Nous sommes dans une ère d’incertitude depuis 2008, une ère source de souffrance morale. La directrice générale de l’O.M.S., dès octobre 2008, alertait : « Nous ne devrions pas sous-estimer les turbulences et les conséquences probables de la crise financière. Il ne faudra pas être surpris de voir plus de personnes stressées, plus de suicides et plus de désordres mentaux ».

La difficulté est encore accrue par le fait que nous vivons une ère de grande complexité, or, le stress induit par l’incertitude altère les capacités à penser la complexité. Il se créé donc une forme de cercle vicieux difficile à casser.

Ensuite, la santé du dirigeant repose sur un équilibre entre « facteurs de risque » et « facteurs de protection » et actuellement, l’équilibre est instable.

On peut répartir les facteurs de risque en trois grandes catégories : le travail, la famille et la société.

Le travail va augmenter le niveau de stress souvent en raison de sa quantité, le dirigeant est souvent soumis à une énorme quantité de travail avec de trop rares moments de récupération. A coté de cela, la pression d’enjeu est elle aussi très forte : en fonction de la décision prise, les conséquences seront majeures. Les contraintes de temps, les inquiétudes face à l’avenir, la nécessité de se maintenir dans un déséquilibre permanent, sont autant de sources de stress.

La famille qui devrait être un ilot de paix et de bonheur est aussi parfois à l’origine de tensions ; tensions vis-à-vis de l’autre membre du couple qui ne peut pas toujours deviner ce qui ne va pas mais aussi tensions par rapport aux enfants qui souffrent de ne pas voir suffisamment l’un des membres de la famille… Le dirigeant, souvent, va culpabiliser mais ne sera pas en mesure d’en parler à ses proches.

Enfin, la société ne témoigne pas assez de considération à ces femmes et à ces hommes qui créent de l’emploi, créent de la richesse et permettent à notre économie de se développer. Trop souvent, les dirigeants se sentent méprisés.

Il est donc urgent d’agir ! Et, pour agir, on pourrait commencer par jouer sur ce qui est à notre portée et notamment sur certains facteurs de protection.

Les aider à cultiver leur passion…

La majeure partie des dirigeants de P.M.E. sont des passionnés. Il faut les aider à cultiver leur passion car elle est parfois estompée par la nécessité de s’impliquer sur des taches moins attrayantes, mais indispensables. Il faut oser parler aux dirigeants de leur passion afin de la maintenir toujours intacte. Christian Lemoine, le Président fondateur du C.R.E.C.I. disait, de façon un peu caricaturale certes,  « un Homme qui est en route vers un projet qui le passionne est invulnérable à l’accident et à la maladie« .

Redonner du sens au métier de dirigeant de P.M.E….

Nombre de caricatures ont tué le sens du métier de dirigeant. Il est urgent d’y remédier ! Le sens aide chacun à prendre conscience de l’utilité de son activité, il faut que nos dirigeants prennent conscience de leur utilité, c’est aussi grâce à eux que des emplois se créent, que des familles vivent, que des collaborateurs s’épanouissent… Il y a urgence à agir !

Créer des liens entre dirigeants de P.M.E….

Les dirigeants sont très souvent seuls pour prendre des décisions difficiles ou pour aborder des périodes douloureuses. Il est indispensable qu’ils intègrent des réseaux de dirigeants où ils seront entourés de personnes qui connaissent les mêmes difficultés qu’eux. Ainsi, ils oseront plus facilement aborder leurs problèmes, bénéficieront du soutien des autres dirigeants et seront plus forts. Le C.J.D. (Centre des Jeunes Dirigeants) et l’A.P.M. (Association pour le Progrès du Management) jouent, sur ce plan, un rôle exceptionnel.

Encourager l’engagement…

Un dirigeant m’expliquait un jour qu’une de ses collaboratrices avait un problème avec un de ses enfants atteints d’une maladie rare, incompatible avec une survie à court terme. Avec ses managers, il réfléchit à la manière d’aider cette personne. Certains collaborateurs décident alors de faire don à leur collègue d’une partie de leurs jours de congés. Le dirigeant décide de doubler le nombre de jours donnés par les salariés pour que cette maman puisse rester auprès de son enfant. Cette belle histoire n’est qu’un exemple mais un exemple à encourager. Souvenons-nous de « l’altruisme égoïste », cher à Hans Selye, c’est aussi en aidant autrui que l’on se protège du stress. C’est aussi grâce à de tels comportements qu’on renforce les liens sociaux internes à l’entreprise et donc… la cohésion de l’équipe.

La santé des dirigeants de P.M.E., ce n’est pas que l’affaire de dirigeants !

C’est l’affaire de chacun. C’est à chacun de nous d’agir pour que naisse une société où la bienveillance deviendra contagieuse, une société alors capable de tendre vers l’excellence.