L’hécatombe continue. Les banques dont la vocation était jadis d’être des lieux « confidentiels » sont également touchées par la vague des suicides au travail. Coup sur coup, c’est deux suicides qui sont révélés par la presse. Le 1er concerne un salarié de la banque HSBC à Paris-La Défense qui s’est suicidé sur son lieu de travail en décembre dernier et dont le corps n’a été retrouvé que le 2 janvier, plusieurs jours après son suicide (Information révélée entre autres par Le parisien dans son édition du 23 février). Aujourd’hui on apprend qu’un autre salarié du secteur bancaire : Il s’agit cette fois de la BNP de Villefranche de Rouergue dans l’Aveyron a été retrouvé pendu sur son lieu de travail le 21 janvier dernier. L’information est révélée aujourd’hui (4 mars).

Ces suicides que nous apprenons par la presse émanent en général de grandes organisations professionnelles (Renault – Peugeot – La Poste – France Telecom – BNP – Banque HSBC….) Qu’en est il de tous ceux qui ne sont pas portés à notre connaissance ? Les suicides professionnels anonymes. Ceux qui ne bénéficient pas de relais syndicaux, ou autres, pour être portés à la connaissance du public. Je rappelle que le vice Président du conseil économique et social Christian Larose, déclarait à l’Express l’année dernière que le nombre de suicides au travail serait de l’ordre de 3 à 400 par an.

Depuis plusieurs années le traitement du stress en entreprise est souvent géré de manière curative. On intervient après et il est souvent trop tard. Même si rien ne permet de penser que ces suicides sur lieux de travail sont directement ou uniquement liés à des raisons professionnelles, ce geste ultime et le lieu où il se déroule a peu de probabilités d’être sans lien avec la sphère professionnelle. Il est temps de traiter le stress en entreprise de manière préventive et non plus curative.

C’est d’ailleurs à partir du 7 avril que patronat et syndicats vont commencer, ou plutôt poursuivre, des négociations sur le sujet du stress au travail. Poursuivre, parce que ces négociations avaient débutés en Octobre 2004 et avaient à l’époque donnée lieux à la signature d’un accord-cadre européen qui n’a pas encore été mis en application en France.

3ans et ½ plus tard, donc, ces négociations reprennent. Il y a tout lieu de penser que les plannings des participants devaient être assez chargés, sinon comment expliquer qu’il leur faille attendre plus de 3 ans et près d’un millier de décès (S’il on en croit Christian Larose cité plus haut) pour se remettre au boulot.

Il n’est pas difficile d’imaginer la souffrance hormis de la familles et des amis, des collaborateurs, collègues, et patrons de ces suicidés du travail. A une époque où la notion de travail se dévalorise, de telles situations ne sont pas de nature à remonter le moral des ménages et à donner du sens au travail.

De grâce, mesdames et messieurs les partenaires sociaux, n’attendez pas 3 ans pour faire mettre en oeuvre des mesures immédiatement applicables dans le monde professionnel. On parle là de vies Humaines, mais aussi de pérennité sociale. Comment combler les vides abyssaux des fonds publics quand on sait que selon certaines études le coût de ce stress au travail serait en France de l’ordre de 51 Milliards d’euros par an.

A vous lire sur le site de l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) http://www.anact.fr/portal/pls/portal/docs/1/524354.PDF vous seriez déjà d’accord. Alors décidez et signez rapidement les mesures de mise en application de cet accord. Vous ferez d’une pierre plusieurs coups : vous contribuerez au progrès social, vous réduirez la charge publique, vous épargnerez des vies, vous redonnerez du sens à l’action quotidienne de millions de salariés des secteurs privée et publics et participerez par vos décisions à l’essor économique par l’accroissement de la performance. Vous le savez, un salarié épanoui sur son lieu de travail développe une contagion du bon, du bien et de la performance. Le bien être au travail ne nuit pas à la performance économique, bien au contraire !