Le mépris n’est pas toujours le fruit d’une expression verbale, il peut s’agir de signes plus discrets à l’image d’un soupir, d’un regard, d’un haussement d’épaules… Quelle que soit son mode d’expression, le mépris altère la confiance en soi, génère de l’agressivité, entraine des troubles psychiques et dégrade la performance.

Dans le contexte actuel, le niveau de stress étant important, les propos agressifs risquent d’être plus nombreux notamment chez les personnes en contact avec le public. Il va donc être essentiel de le prendre en compte et d’exprimer à ces personnes de la considération pour diminuer l’impact des agressions.

Le mépris altère la confiance en soi…

Le philosophe et sociologue allemand Axel Honneth[1] soutient que les différentes atteintes à la reconnaissance, qu’il appelle déni de reconnaissance, entraînent une expérience du mépris qui affecte négativement le rapport à soi des personnes concernées. On assiste alors à la dissolution de la confiance en soi en tant que personnes dignes d’affection, à la perte du respect de soi comme membres d’une communauté d’égaux en droits, et à la perte de l’estime de soi comme sujets contribuant par leurs pratiques à la vie commune.

Le mépris génère de l’agressivité…

La psychologue du travail Lisa Bellinghausen, dans son ouvrage « Les dynamiques de la violence – Comprendre les mécanismes émotionnels de la violence »[2], considère le mépris comme facteur déclencheur d’un comportement agressif indirect au sein d’un groupe.

Les résultats d’une étude[3] de l’Université de Pennsylvanie viennent appuyer ce constat. Les chercheurs ont en effet observé que les volontaires qui avaient subi le mépris d’un tiers étaient de façon générale significativement plus agressifs.

Le mépris génère des troubles psychiques…

Une étude[4] publiée en 2018 conduite par l’équipe de Nagyeong Lee en Corée du Sudmontre que les participants victimes de discriminations avaient plus de risques que les autres de développer des symptômes dépressifs.

Dans le même ordre d’idées, une étude[5] menée auprès d’infirmiers en Palestine a montré que les personnes victimes d’agressions physiques ou verbales avaient plus de risques de développer une pathologie psychosomatique.

Le mépris impacte négativement la performance…

En Chine, en 2018, des chercheurs de l’Université Polytechnique de Northwestern, ont publié une étude[6] s’intéressant aux incivilités commises dans le milieu professionnel. Ils ont observé qu’elles menaient d’une part à une baisse de la performance des victimes et qu’en plus leur créativité était négativement impactée.

Dans le contexte actuel, il est essentiel d’exprimer de la considération…

Si ne pas mépriser est une forme de respect, la bienveillance invite à considérer tout un chacun.

Et certains comportements peuvent aider à traduire de la considération : saluer un collaborateur en le regardant, prendre des nouvelles d’un collaborateur notamment lorsque celui-ci est souffrant ou encore s’intéresser à la réussite d’un de ses enfants, faire raconter les clés d’un succès, apporter au collaborateur les conditions de son épanouissement, lui expliquer la stratégie du service, de l’entité, et comment celle-ci s’intègre dans celle du Groupe.

La considération est un besoin majeur de tout être humain… Un sondage[7] réalisé par un site d’emploi belge en 2007 auprès de salariés de toute l’Europe, révèle que le manque de considération au travail constitue pour eux le principal facteur de frustration professionnelle. 31% des personnes sondées revendiquent plus de considération, ce facteur l’emportant même sur les désagréments induits par des possibilités limitées de construction de carrière.

[1] Axel Honneth, « La société du mépris »

[2] Université Paris Descartes / CNRS

[3] Held in contempt: the psychological, interpersonal, and performance consequences of contempt in a work context, Department of Management, The Wharton School, University of Pennsylvania, USA.

[4] Lee, N., Kim, J. H., Kim, J. Y. & Kim, S. S. (2018). Association between workplace discrimination and depressive symptoms among firefighters in South Korea.

[5] Jaradat, Y., Birkeland Nielsen, M. & Bast-Pettersen, R. (2018). Psychosomatic symptoms among Palestinian nurses exposed to workplace aggression.

[6] Jiang, W. Chai, H., Li, Y. & Feng, T. (2018). How workplace incivility influences job performance: the role of image outcome expectations.

[7] Sondage d’opinion publié par le site d’emploi belge Monster. La question posée était la suivante : qu’est-ce qui vous irrite le plus dans votre travail ?