Des chercheurs canadiens ont démontré, chez une population de rongeurs, que la solitude induisait beaucoup plus de stress chez la femelle que chez son congénère masculin. Une réalité sur la « sexospécificité » de la gestion stress.

Mesure du stress chez les rongeurs isolés

Pour parvenir à ces résultats, une équipe de chercheurs de l’Université de Calgary a placé des rongeurs préadolescents, après leur sevrage, dans des cages seuls, ou par deux, pendant 16 à 18h. Les scientifiques ont ensuite examiné leurs cellules cérébrales afin d’analyser les hormones du stress.
Dans son article intitulé « Sans amis, les souris femelles sont plus stressés que les mâles », le site du magazine « Slate » reprend les explications données par le co-auteur de l’étude, Laura Senst : « isoler les femelles du reste de la portée pendant moins d’un jour génère la sécrétion de corticostérone, une molécule-signal produite en réaction à des situations stressantes et qui diminue l’excitabilité des cellules cérébrales ». Cette réaction n’a toutefois pas été retrouvée chez le rongeur mâle dans la même situation.

La solitude plus stressante chez la femelle

L’auteur principal de l’étude, Jaideep Bains, remarque que « chez beaucoup d’espèces, y compris les humains, les interactions sociales servent à réduire les effets du stress. Un dimorphisme sexuel des réponses neuronales à l’isolement social ». Au cours de leur expérience, les scientifiques ont pu constater que les femelles interprètent l’isolement comme un type de stress, contrairement aux mâles. En revanche, un stress physique, comme celui de faire nager les souris mâle et femelles pendant 20 minutes, est perçu de manière identique chez les deux sexes.
Dinara Baimoukhametova, autre co-auteur, ajoute « qu’en montrant que mâles et femelles réagissent différemment à certains types de stress, et de la même manière à d’autres, notre étude souligne l’importance de la prise en compte du sexe des animaux dans les études examinant les effets du stress sur le cerveau ».
Les résultats de l’étude, parus dans la revue eLife, montrent ainsi que la grande sociabilité des femelles, que l’on retrouve dans nombre d’espèces, « pourrait relever d’un mécanisme de défense et d’atténuation des situations stressantes ».

Nous évoquions les effets néfastes de la solitude : elle favorise la production de protéines pro inflammatoires, dont le taux augmente avec le stress, et peut raccourcir les télomères, brins d’ADN non codants situés à l’extrémité des chromosomes et qui les protègent de pertes d’informations génétiques, chez le perroquet.
A contrario, une étude majeure a démontré le pouvoir des liens sociaux sur la sécrétion d’ocytocine et d’endorphines, une autre prouvant que les personnes ayant des liens affectifs forts connaîtraient moins de problème de mémoire, leur cerveau vieillissant mieux que celui des autres.