Nombre de nos concitoyens vivent dans un monde pauvre en sens ou le principal plaisir passe par une réussite individuelle avant tout financière. Ce phénomène, qui traverse toutes les couches de la société, est extrêmement fragilisant. D’une part, il est source de plaisirs souvent éphémères et d’autre part, en cas de crise, il risque de se tarir.

Le plaisir inhérent à la consommation est un plaisir de courte durée car, à l’image d’une bonne nouvelle, il se dilue très vite dans le temps. En outre, il est avant tout vecteur d’un sentiment de réussite moins efficace sur le plan moral qu’un sentiment d’utilité.

Il y a donc, chez nombre de personnes, une grande fragilité liée à la « pauvreté » du sens. Or, on s’est aperçu à travers différentes études que le sens, notamment au niveau professionnel, est un des moyens de diminuer les effets du stress.

Parallèlement à cet état de fait, beaucoup de nos concitoyens vivent relativement isolés. Or, le soutien social est lui aussi très protecteur. En effet, une étude canadienne a montré que «  une absence de soutien augmenterait de 31 % et de 43 % respectivement le niveau de stress et d’anxiété chez les hommes et les femmes ».

Enfin, une majeure partie de nos concitoyens a l’impression de ne pouvoir agir sur la situation actuelle – dans la mesure où les jeux d’influence internationaux sont intenses – et de devoir se contenter de la subir. Or, comme l’exprime à merveille Paul Ricœur, « la souffrance, c’est l’amputation du pouvoir d’agir ».

Dans un contexte de crise larvée, à une période où l’avenir apparaît incertain et flou, dans un contexte où le sentiment du mépris est très fort, le niveau moyen de mal être des citoyens risque de s’accroitre. Et, comme le formulait Jean-Paul Delevoye, «  la société française » pourrait présenter  « tous les symptômes d’une dépression collective« .

Il est donc urgent de renouer avec une vision d’avenir et une forme de considération de chacun. La vision porte en elle les germes de l’engagement, source de sens et de solidarités, génératrices de lien social, de soutien social.

Face à un tel contexte, dans les premiers temps, dans les années 90, le remède à été l’engagement associatif. Au fur et à mesure que les citoyens se désinvestissaient de la vie politique, ils s’impliquaient dans le monde associatif, une implication elle aussi riche en sens et en soutien social. Si l’action politique apparaissait difficile, on se réfugiait dans une action d’ambition plus limitée mais dont on était un acteur clé.

Aujourd’hui, la souffrance morale est telle qu’il faut des leviers beaucoup plus puissants; il faut trouver les moyens de permettre à nos concitoyens de devenir de nouveau… acteurs mais, cette fois,  de la vie politique !

Pour ce faire, pourquoi ne pas rêver à l’émergence d’un courant de pensée issu de l’engagement de femmes et d’hommes issus d’horizons différents, avant tout mus par un solide sens de l’intérêt général, destiné à faire émerger quelques propositions en faveur du… bien commun !