Un homme de 52 ans a mis fin à ses jours sur son lieu de travail mardi à Amboise (Indre-et-Loire). Il était technicien d’intervention à France Telecom et s’est pendu dans un bureau du central téléphonique.
Pascal Jouvin, secrétaire département Sud PTT. a déclaré « Ce n’est jamais anodin, un suicide sur le lieu de son travail. On ne peut pas dire que les conditions de travail dans l’entreprise ne poussent pas les salariés à des situations extrêmes ». « Il y a une vraie souffrance de la part des salariés. Les médecins du travail ont tiré le signal d’alarme à plusieurs reprises » a expliqué le syndicaliste. Une cellule psychologique a été ouverte et un comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) est prévu jeudi.
Après Renault, La Poste et la Police Nationale, les suicides au travail continuent. L’année dernière Christian Larose, vice-président du Conseil économique et social, indiquait qu’une personne par jour se donnait la mort pour des raisons liées aux mauvaises conditions de travail. Stress, surcharge, harcèlement ou peur de perdre son emploi : le chiffre des suicides dans le monde du travail, actuellement compris entre 300 et 400 par an, serait en nette augmentation, selon l’expert, également syndicaliste de la branche textile 10 000 personnes se
suicident en France chaque année et 140 000 font des tentatives de suicide. Pour le Medef, ces suicides ne sont cependant pas liés aux conditions de travail. « Ce n’est pas facile à dire, mais même si ça se passe sur le lieu de travail, ce n’est pas toujours lié à des facteurs liés au travail (…). Néanmoins, je considère que dans notre pays les relations dans le travail se sont hypertendues ces 15 dernières années », a expliqué Laurence Parisot. « Je pense que c’est très lié au climat général qu’il y a dans notre pays, parce que tout est plus dur. C’est plus dur pour l’entreprise de dégager des marges. Je vous rappelle que les entreprises françaises ont en moyenne dix points de marge de moins que les entreprises allemandes. Tout est plus dur », a
estimé la patronne des patrons.
Dur surtout pour la famille, les amis, les proches. Comment Mme Parisot va t-elle expliquer le lien qu’il pourrait y avoir entre la poursuite des marges et la vie d’un homme. Mourir pour 1 point de marge d’accord mais de mort lente aurait chanté Brassens. ? Un fait est certain, ce phénomène d’aggravation des suicides sur le lieu de travail conjugué au désengagement des salariés n’est pas de nature à favoriser la croissance des entreprises. Combien d’exemple faudra t-il pour que certaines entreprises (et pas de moindres dans le cas présent) comprennent qu’un salarié ne se suicide pas par hasard sur son lieu de travail.. Le stress sur le lieu de travail est l’une des conséquences d’un phénomène de démotivation galopant lié entre autre à la perte de sens. La motivation est un élément essentiel à l’engagement professionnel. C’est d’ailleurs l’une des questions que pose tout recruteur qui se respecte. « /Quel est votre motivation ? »
La motivation ou les motifs d’actions ne se conjuguent pas avec le stress. Le stress se conjugue avec démotivation.
La littérature et la presse regorgent de chiffres et d’analyses qui déplorent cet état de fait. Pour la SOFRES en 1989 63% des Français étaient prêt à faire des sacrifices personnels pour leur travail. Ils ne sont plus que 27% en 2007. Selon une autre étude 75% des jeunes diplômés ne souhaitent pas ressembler aux patrons en poste et pour 67% des managers les patrons ne sont pas exemplaires. Certaines organisations chiffrent le coût du stress pour les entreprises en France à 51 milliards d’euros (près de 2% du PIB). Si rien n’est fait, le coût social lié à l’augmentation des maladies professionnelles sera phénoménal. Les seuls critères décisifs et durables de la compétitivité des entreprises sont de s’attaquer avec urgence au stress, de travailler sur la motivation des salariés, et sur l’amélioration du management, sauf à vouloir nuire à l’intérêt capitalistique et à saborder l’actionnariat une sorte d’opération « économie Titanic ». Les entreprises qui continuent à penser que la pression d’enjeu toujours croissante est de nature à favoriser l’expansion se livrent au même geste que leurs salariés désespérés. Une sorte de suicide économique.

jean_louis_renault.png

Jean-Louis Renault