Ou bien encore, comment lever un stress inutile et inefficace

La délégation souffre d’un manque d’efficience, pas par manque d’outils, ni par manque d’organisation, a priori. La formation et l’apprentissage prennent de plus en plus d’importance, alors qu’est ce qui permettrait que la délégation devienne efficace ?

Cette question m’a longtemps perturbé, au constat d’attitudes que nous adoptons au fil du temps dans nos entreprises. Nous réclamons plus de pouvoir pour les managers et les salariés, afin dit-on de leur fournir les moyens de leur autonomie. On prône un certain jeu de l’utopie, car la réalité est tout autre. La redistribution du pouvoir au sein de l’entreprise, qu’est ce donc en fait ? Une décision du hiérarchique, une forme de droit à exercer, mais où se trouve l’implication véritable du délégataire.

On observe quelques maladresses de management qui s’appuient sur la méconnaissance de l’autre. Celles-ci entraînent inéluctablement des situations de fuites sous différentes formes, comme l’absentéisme, le retard, la procrastination, le faux-perfectionniste, le hors-sujet, etc…Les modèles managériaux sont encore tenaces et de nombreuses occasions ou évènements les consolident. Notamment, avec le paradoxe du temps nourri par les 35 heures, chacun dispose d’un capital d’instants pour soi et pourtant tous s’accordent à dire que l’on manque de temps. De fait, souvent la délégation s’opère soit en cascade de type « patate chaude », dans l’urgence, de mauvaise manière utilitariste. Les managers de proximité, que l’on pourrait appeler « manager ambulatoire »sont contraints par défaut à reproduire des schémas anciens qu’ils voudraient bannir.

Aujourd’hui on attend une véritable distribution des cartes du pouvoir au sein de l’entreprise, appuyée sur d’autres comportements. Pour cela il s’avère indispensable que les managers sachent guider au plus haut leurs collaborateurs, tel un premier de cordée.

Les organisations requièrent des personnes capables de travailler ensemble, au-delà de certaines frontières d’intérêt. Cela passe avant tout par une bonne communication. Le verbe « communicare » en latin signifie échanger. Or pour cela il faut connaître et reconnaître l’autre et adopter le bon canal afin qu’il y ait un véritable échange. Une partie du mémoire, que j’ai réalisé sur ce sujet, s’appuyant pour partie sur les travaux d’Yves JAUCYER, permet d’identifier notre style d’encadrant et également la personnalité du collaborateur. L’objectif consiste à communiquer de manière collective tout en ponctuant certains points qui se distribuent selon les personnalités. Cette adaptation représente une clé importante dans l’ouverture du collaborateur, à vrai dire essentielle.

La vie professionnelle apporte son lot impressionnant de situations générant du stress au quotidien. De manière générale, l’introduction du changement liée à de nouvelles organisations ou innovations, confrontent les gestionnaires à des difficultés et des résistances de toutes sortes. Celles-ci doivent être affrontées du mieux possible. Il s’agit très souvent de discordance entre les besoins d’une personne et ceux pouvant être satisfaits par son environnement. La résistance au stress de chaque individu est variable selon leur personnalité. R. PEPIN a relevé six types d’agents stresseurs liés au travail.

Le stress professionnel est dû à la perception d’un décalage entre ce que l’on ressent de part nos différences et les diverses exigences auxquelles chacun doit répondre sur le plan professionnel.

L’environnement actuel crée de nombreuses variables qui exagèrent ces situations. Aussi, la délégation peut parfois être perçue comme une démarche apportant du danger et forçant l’individu à mettre au point des actions dites de « coping » ou d’ajustement pour retrouver son équilibre. Certaines stratégies employées vont se centrer sur les problèmes visant le changement de la situation et d’autres sur les émotions générées par le stress.

On ressent bien qu’une des variables conduisant à une meilleure délégation consistera à faire sauter certaines appréhensions qui génèrent du stress. Le professeur C.H. AMHERT, de l’université canadienne de SHERBROOK, préconise une attitude de manager metteur en scène pour créer du « FLOW » ou bien être pour le salarié. Cette démarche vient appuyer toutes les stratégies de délégation mises au service de la performance individuelle.

Chaque manager dispose, aujourd’hui, d’une connaissance précise du savoir, du savoir-faire et du savoir-être de ces collaborateurs. Qu’en est-il de sa perception de leur savoir réagir dans le sens de savoir-(re)agir ? La réponse à cette question leur permettra d’appliquer demain ce que j’appelle la « délegaction ».

Mettre en mouvement ou se remettre en mouvement interpelle chaque individu. Il ne peut parfois y répondre seul dans l’environnement professionnel. Le rôle du hiérarchique consiste plus à dynamiser son équipe qu’à mettre en place des moyens sophistiqués de contrôle : une autre stratégie.

Yves JAUCYER nous engage à reconnaître notre personnalité de manager et celles de nos collaborateurs. Il affirme que les cadres réalisent 80% de leurs objectifs avec seulement 20% de leurs collaborateurs. Ceci peut paraître choquant, mais cela signifie en fait que l’on dépense beaucoup plus d’énergie à faire échouer un objectif qu’à le réussir. On comprend, aujourd’hui, ce besoin croissant d’accompagnement individualisé par le coaching. Dans les grandes lignes, un quart des collaborateurs est en synergie avec son hiérarchique, un quart est plutôt antagoniste, la moitié restante reste indifférente. On assiste à une véritable plaisanterie relationnelle, égocentrée, qui fait balayer 75% du potentiel d’efficacité de l’équipe.

Qui, en qualité de manager, accepterait ce constat alarmant ? A priori personne, aussi, mieux apprendre à communiquer, mettre au point d’autres stratégies de management de la ressource humaine, doit faire partie des préoccupations essentielles des gestionnaires d’entreprises.

L’ouvrage en préparation sera prochainement édité et vous permettra, je l’espère de conduire une aventure, votre aventure humaine.

Je vous remercie de votre lecture attentive