Alexandre Lichan, le présentateur de Club Média RH sur BFM Business, a invité le Docteur Philippe Rodet pour parler de son livre Le Management Bienveillant. Pourquoi la bienveillance intéresse tant les Français ? Quels sont les processus chimiques à l’oeuvre en situation de stress ? Quels liens relient exigence et bienveillance ? C’est à ces questions qu’à répondu le Docteur Philippe Rodet. Il était accompagné sur le plateau de Didier Lejeune, Directeur Général de SCC France, de Charlélie Vallet, Cofondateur de Yuco et de Hugo Manoukian, Directeur Général de MoovOne.

Une interview rythmée, scientifique et très prenante

Le Docteur Philippe Rodet, invité témoin de l’émission, a eu l’opportunité de pouvoir agir tout au long de l’émission sur les bénéfices de la bienveillance en entreprise, les conditions de son application ainsi que les mécanismes physiologiques permettant d’expliquer pourquoi elle est tant bénéfique pour la santé.

Découvrez différents passages de Club Média RH

Alexandre Lichan : Pourquoi la bienveillance est-elle si importante en ce moment ?

Dr Philippe Rodet : C’est quelque chose qui va être durable dans le temps tant qu’on aura les deux maux dont on parlait tout à l’heure : un niveau de stress important, un niveau de motivation bas. Or, quand le stress augmente, dans l’espèce humaine, c’est obligé que la motivation s’effondre. Quand le stress augmente, on va avoir un déséquilibre de deux hormones dans notre organisme. Une des hormones qui est indispensable s’effondre, donc la motivation obligatoirement va chuter.

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A.L. : Quels processus chimiques sont à l’oeuvre derrière le stress et la motivation ?

P.R. : On sait que certains comportements que l’on va utiliser sur le plan managérial vont avoir des conséquences importantes sur l’organisme de nos collaborateurs. Un exemple tout simple, si on encourage une personne. Un collaborateur traverse une petite phase difficile, on va l’encourager, et bien on va se rendre compte qu’on va faire baisser son niveau de stress de 34% si c’est un homme, de 42% si c’est une dame. Pourquoi c’est plus important chez les dames que chez les hommes, parce que quand on va encourager quelqu’un, on va modifier l’expression d’un de ses gênes, un gêne qui code pour une protéine d’un récepteur hormonal, le récepteur hormonal va agir davantage. Et comme c’est une hormone qui est un petit peu plus présente chez les dames, les effets des encouragements sur le stress seront plus importants. En même temps quand on encourage, on va aller chercher de la persévérance, on va aller chercher de la confiance en soi, on va aller chercher de l’optimisme et de la créativité parce que l’hormone en question, celle qui est un petit peu plus présente chez les dames que chez les hommes lors d’une réaction de stress, c’est l’ocytocine, et cette ocytocine a cet impact également positif sur la cohésion et sur la créativité.

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A.L. : Philippe Rodet, peut-on vous demander de nous confier un ou deux exemples, conseils, les premiers qui vous paraissent essentiels, à donner à ceux qui nous regardent.

P.R. : Oui, on va chercher deux actions, d’une part à augmenter les émotions positives, et aussi à diminuer les émotions négatives. Pour augmenter les émotions positives, ça peut être le sens, le juste niveau des objectifs, à la fois ambitieux et réalistes. Guy Chéron, qui est professeur de neurophysiologie en Belgique parle de défi possible. On sait que si on va chercher un défi possible, les ondes de notre cerveau vont changer, on sera plus performant. C’est accorder un juste niveau d’autonomie, c’est être capable d’exprimer de la gratitude et des encouragements. On va aussi essayer de diminuer les émotions négatives. Ça va être faire un effort en matière de cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait. Être capable de reconnaître que sur un point bien précis on a été un petit peu trop ferme, un petit peu maladroit avec un collaborateur. On ira le voir en disant « Je n’ai pas été bon sur ce coup ». Ça peut être être capable de faire l’effort d’être perçu comme juste. Si on augmente les émotions positives et qu’on diminue les négatives, on favorise la libération de deux hormones, l’ocytocine et les endorphines. On diminue bien le niveau de stress et on augmente la motivation.

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P.R. : Vous disiez tout à l’heure qu’il faut être exigeant. Je crois effectivement que si on n’était pas exigeant, on ne serait pas bienveillant. L’exigence rentre dans la bienveillance.

A.L. : Être bienveillant ne signifie pas être laxiste

P.R. : Non, surtout pas ! C’est parce que l’on va faire progresser un collaborateur qu’il va se réaliser. Si on restait toute notre vie au même niveau, on ne serait jamais très heureux. C’est parce que l’on va prendre conscience que l’on progresse.

Pour moi la bienveillance c’est l’arc-boutant qui va venir permettre à l’exigence d’aller le plus haut possible. L’exigence rentre dans la bienveillance.

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A.L. : On était heureux de recevoir Philippe Rodet, co-auteur avec son ami Yves Desjacques de ce livre sur le management bienveillant qui est un des plus gros succès chez Eyrolles. Eyrolles étant un des grands experts de l’édition du management.

Comment vous expliquez Docteur, le succès de votre livre ? C’est difficile de le dire soi-même. D’abord c’est un livre utile et bien écrit, bien sur, mais comment vous expliquez l’intérêt des Français pour la bienveillance ?

P.R. : Dès qu’il y a un DRH qui prend la parole dans un livre, je crois que ça aide à ce qu’il soit de qualité. L’autre élément effectivement c’est que je crois que ça correspond à une demande actuelle. On a besoin d’avoir un petit peu plus d’engagement, un petit peu moins de stress. C’est ce qu’on essaie de promouvoir à travers le management bienveillant. Donc je crois qu’il correspond assez bien aux attentes du temps présent !

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